Test Ratchet & Clank Rift Apart : une vitrine technologique pour la PS5 et un épisode majeur de la saga

Le Test

Voilà maintenant 19 ans que Ratchet et Clank ont atterri sur la planète PlayStation. Il s’en passe des choses en presque deux décennies comme, par exemple, plus d’une dizaine d’épisodes et une renommée planétaire rapidement édifiée. Là où Jak & Daxter se sont hélas éteints au profit d’autres sagas autrement plus prolifiques, le lombax et son pote robot, eux, ont prospéré longuement. Ce qui n’a pas d’ailleurs pas empêché Insomniac Games d’être incroyablement productif avec, à sa charge, des franchises comme Resistance ou, plus récemment, deux Spider-Man de haut calibre : et pourtant, aussi performant le duo galactique soit-il, l’essoufflement a malheureusement émergé au bout d’un temps. Cinq ans après un remake-reboot certes convaincant mais aussi emprunt d’immobilisme, le studio californien semble s’être suffisamment ressourcé pour proposer une aventure inédite et à la hauteur des attentes. Et sur PS5 uniquement, s’il vous plaît. Ratchet & Clank Rift Apart serait-il LE hit next-gen de 2021 ? 

Ratchet & Clank : Rift ApartEn plus de l’indéfectible attachement nostalgique que l’on éprouve pour la franchise, on attend aussi et beaucoup de Ratchet & Clank Rift Apart pour une autre bonne raison : il s’agit d’une véritable exclusivité PlayStation 5, et non pas d’une cross-gen comme a pu l’être Spider-Man Miles Morales ou, pire encore, God of War “Ragnarök”, Gran Turismo 7 ou Horizon Forbidden West qui ne sont même pas sortis. Avec Demon’s Souls et Astro’s Playroom, Ratchet & Clank Rift Apart peut donc se vanter d’être entièrement dédié au nouveau hardware de Sony : pour tous les possesseurs de la machine, c’est forcément un argument indéniable. Deux responsabilités de Rift Apart découlent donc : prouver les bonnes capacités du monolithe blanc et prolonger une saga, l’air de rien, mise sur le banc de touche depuis longtemps maintenant. 

Ratchet & Clank : Rift Apart


DANS LE NEXUS


Ratchet & Clank : Rift ApartInsomniac Games sait parler à ses fans, c’est indéniable. Et si l’opus de 2016 ne s’inscrivait pas dans la timeline officielle de la saga – il s’agissait d’une réimagination du tout premier jeu –  Rift Apart, lui, fait bien partie intégrante du récit officiel. L’histoire prend donc place plusieurs années après Into the Nexus (petite aventure publiée en 2013), dans une période où Ratchet et Clank sont un peu au point mort. Considérés comme des héros – à juste titre – par toute la galaxie pour l’avoir sauvée plus d’une fois, nos compères n’ont toutefois plus aucune tâche de la sorte à accomplir. C’est dans cette retraite anticipée que Clank décide de réparer le dimensionateur, le gadget au centre de la trilogie Future, pour permettre à son meilleur pote de retrouver les lombax et de renouer enfin avec son passé. Évidemment, les choses ne se passent pas comme prévu et l’infatigable Dr. Nefarious, particulièrement saoulé de perdre constamment, s’empare de l’objet pour trouver une dimension parallèle dans laquelle… il gagne tout le temps. Ce qu’il fait, non sans quelques dommages collatéraux puisque l’item se voit endommagé et l’espace-temps complètement chamboulé, des failles dimensionnelles s’ouvrant de toute part et semant le chaos à travers les systèmes solaires. Notre duo préféré se retrouve alors dans un univers parallèle, celui-là-même où un Dr. Nefarious en est visiblement le dictateur absolu, et se voit séparé par la force des choses. Seul, Ratchet se voit alors attribuer une nouvelle mission : réparer ce gros bordel spatio-temporel, retourner chez lui et, surtout, retrouver Clank. Ce dernier se retrouve en effet avec Rivet, une lombax qui n’est autre que le double féminin de Ratchet d’une autre dimension. La base, quoi. 

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MIROIR, MIROIR


Ratchet & Clank : Rift ApartC’est donc sur cette base de dualité que toute l’histoire de Rift Apart écrira son histoire : tout du long, on croisera les personnages bien connus de la saga – Squid McMarx, Pete le Rouillé, le Captain Qwark et tout le tintouin – mais toutefois dans des versions inédites, provenant d’un autre univers, avec un autre nom et une autre personnalité. Rivet, qui est clairement la grande nouveauté de ce volet inédit, est la version miroir de Ratchet : c’est une solitaire accomplie, opérant dans la résistance face à un Dr. Nefarious tout puissant, et elle n’a jamais connu la reconnaissance. Elle sera également jouable, ce qui en fait alors le tout premier perso féminin de la franchise à pouvoir être contrôlé. Avant de passer à toute la structure, le gameplay et tutti quanti, il parait donc essentiel de conclure sur cette partie scénaristique, chose qui n’est pas aisée puisque l’on nous voudrait certainement pas vous spoiler : sachez que tout en étant plutôt efficace, le scénario de Rift Apart reste également un poil convenu et manque quelque peu de grandiloquence. 


Les combats incessants de l’aventure sont de loin les plus réussis de toute la saga.


Ratchet & Clank : Rift Apart


Ratchet & Clank : Rift ApartTous les personnages ne sont pas des mieux pensés – dont un, très important, auquel nous avons eu du mal à accrocher – et malgré quelques bonnes idées, ainsi qu’une écriture qui reste certainement la plus récurrente de la saga avec des dialogues in-game réguliers (ce qui n’est pas pour nous déplaire), on aurait aimé en prendre un peu plus plein les yeux, renouer davantage avec les origines de Ratchet, et avoir un récit plus fondamental dans le lore R&C. Et malgré le charisme attachant de Rivet que l’on espère clairement revoir à l’avenir, Insomniac Games n’a pas tant fait la part belle que ça aux nouveaux personnages, préférant simplement instaurer une autre version des têtes déjà bien connues de la série. De manière générale, et nous vous le dirons plus tard encore, on sent qu’une politique générale a été choisie : minimiser de nombreux coûts de développement en se servant des mêmes certains éléments de multiples fois. Malgré notre petite déception à ce niveau-là, l’histoire de Ratchet & Clank n’en demeure pas moins agréable à suivre, pleine de bonne humeur, de petites références aux anciens jeux et, même si l’humour n’est pas aussi tordant que l’on aurait aimé, impossible de nier l’esprit propre à la saga, diablement bien respecté. C’est après tout l’essentiel. 

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RIFT APPARTEMENT


Ratchet & Clank : Rift ApartLes coutumiers de la franchise pourront vous le dire sans mal : son action tonitruante est clairement l’un de ses fers de lance, et Rift Apart ne déroge certainement pas à la règle. C’est d’ailleurs la première chose qui saute aux yeux, juste après son rendu visuel à tomber par terre : les combats incessants de l’aventure sont de loin les plus réussis de toute la série. Pourtant, la recette n’est franchement pas révolutionnée : on se retrouve face à un TPS musclé donnant accès à un large panel d’armes plus ou moins délirantes. Au rayon des nouveautés, nous avons quelques capacités à débloquer progressivement, comme une esquive qui nous permettra de “dasher” vers l’avant, l’arrière ou les côtés, que ce soit au sol ou dans les airs. Il y a aussi la longe, permettant de se téléporter à certains endroits prédéfinis d’une zone de combat dans le plus beau des effets, de façon à prendre par surprise nos ennemis. Un autre élément vient également moderniser le gameplay : l’utilisation des gâchettes adaptatives de la DualSense. Ici, il ne s’agit pas que d’une sensation supplémentaire (et quelle sensation, nomdidiou !) mais bel et bien d’une nouvelle option de jouer : certaines armes réagssent différemment en fonction de votre pression sur la gâchette. Par exemple, le plasmomitrail – la première arme du jeu – dispose de deux modes de tir, plus ou moins rapide en fonction de l’appui exercé. Pareil pour le double-shotgun, où l’on pourra user du coup-par-coup ou bien d’un double-tir sauvage (mais pas forcément nécessaire pour les petits ennemis, vous faisant perdre une munition). 


Pas de doute, Insomniac Games s’est largement fait la main sur les précédents Spider-Man et cela se ressent immédiatement avec des séquences ultra-spectaculaires.


Ratchet & Clank : Rift Apart

Ratchet & Clank : Rift ApartC’est, du coup, bien la première fois qu’un jeu vidéo nous propose une telle feature et c’est forcément appréciable : cela ne révolutionne pas le gameplay mais l’optimise encore en peu. Et surtout, couplez à cela une myriade d’autres effets et vous obtenez un feeling, manette en main, réellement épatant. Les vibrations haptiques de la manette s’avèrent merveilleusement bien exploitées, nous renvoyant directement à celles d’Asto’s Playroom, avec le moindre pas vibrant dans un coin de la manette : on a presque la sensation d’avoir une sorte d’effet surround entièrement physique, pour tout et n’importe quoi, y compris pour les nombreuses gunfights. Il en est de même pour la 3D audio, plutôt pointue, et l’utilisation de l’hautparleur de la DualSense, très récurrente. Pour un jeu comme Ratchet & Clank où les bastons sont primordiales, c’est un véritable point fort, vous pouvez nous croire sur paroles. Notons d’ailleurs la présence de quelques phases de plateforme avec des courses murales, de swingueur ou de glisso-rails, ces dernières relevant d’un très, très gros level-up en matière de mise en scène. Pas de doute, Insomniac Games s’est largement fait la main sur les précédents Spider-Man et cela se ressent immédiatement avec des séquences ultra-spectaculaires tout droit tirées d’Hollywood, une première dans les Ratchet & Clank, que l’on se doit de souligner fièrement. 

Ratchet & Clank : Rift Apart


LA TAILLE, CA COMPTE


Ratchet & Clank : Rift ApartPuis, il y a tout cet arsenal qui fait évidemment un boulot formidable, comme toujours : la saga en a toujours fait sa figure de proue et, une nouvelle fois, les différentes armes de Rift Apart s’avèrent variées et très efficaces. Quelques pétoires complètement barrées permettent, entre autres, d’immobiliser les ennemis en les recouvrant de plantes ou de les transformer en glaçon ; d’avoir un pote champignon mitrailleur (oui, vous avez bien lu) ou d’électrifier ses ennemis en créant plusieurs chaînes. Au fur et à mesure de son utilisation, chaque arme montera en niveau jusqu’à atteindre son évolution finale, au level 5. On pourra également améliorer manuellement chaque item létal grâce au Raritanium, upgradant sensiblement certaines caractéristiques, en débloquant d’autres. Pour autant, force est de constater que le tout reste très, très classique pour un Ratchet & Clank et que la formule ne casse pas pour autant trois pattes à un lombax. Surtout, le gameplay a choisi un parti pris assez discutable : la jouabilité de Ratchet ne diffère absolument pas de celle de Rivet, et c’est là un point de vue qui peut diviser. Absolument toutes les compétences, gadgets, armes, moves que l’on débloquera pour l’un sera utilisable avec l’autre, en conservant son niveau d’expérience : une progression totalement partagée justifiée un peu à la va-vite, et qui débouche sur un certain manque à gagner selon nous. C’était justement là l’occasion de proposer deux gameplay différents et l’on se retrouve, finalement, avec deux personnages parfaitement identiques, enfilant même des armures identiques (pourtant très masculines pour la plupart). 

Ratchet & Clank : Rift Apart


Ratchet & Clank : Rift ApartHormis pour les pans scénaristiques, donc, Ratchet comme Rivet s’avèrent identiques. Parmi les neuf planètes proposées, chacune est dédiée à l’un ou l’autre : par exemple, on ne pourra parcourir Sargasso qu’avec Rivet, Ardolis qu’avec Ratchet, et ainsi de suite pour les différents mondes proposés. Et puisque l’on parle des planètes, justement, il est vrai que l’on aurait aimé en avoir plus et minimiser les retours obligés sur certaines d’entre elles. Heureusement, les niveaux relèvent d’un level design bien pensé – on pense notamment à, parfois, la possibilité de switcher d’une dimension à une autre en un éclair de seconde grâce au SSD de la PS5 – et d’une direction artistique absolument sublime qui en met plein les yeux. L’aventure est clairement haute en couleurs, et ce malgré un tas d’assets réutilisés un peu partout : comme on le disait plus haut, on sent tout de même que Rift Apart n’a peut-être pas eu le budget tant faramineux que l’on imaginait. Par exemple, on retrouve beaucoup de personnages, d’ennemis ou d’armes issus de Ratchet & Clank 2016, parfois de manière un poil abusive. L’excuse des failles dimensionnelles aussi permet ici de placer des ennemis qui n’ont aucun rapport avec certains environnements, un peu comme un moyen de remplissage, pas bien grave mais un poil hasardeux. De même, on retrouve un nombre de fois incalculable les mêmes ennemis et mini-boss, ces derniers étant simplement renommés, et c’est forcément un peu regrettable puisque l’on aurait vraiment aimé du sang-neuf à 100%. On vous rassure néanmoins, le tout se parcourt avec un plaisir non dissimulé, le jeu relevant d’efforts techniques vraiment impressionnants. 

Ratchet & Clank : Rift Apart


LE PLUS BEAU LOMBAX DU MONDE


Ratchet & Clank : Rift ApartCar s’il y a bien un point sur lequel Ratchet & Clank Rift Apart bluffe, c’est sur sa plastique quasi irréprochable : Insomniac Games a mis les bouchées doubles ici en proposant des environnements aux couleurs pastels et aux précisions spectaculaires. Les mondes paraissent organiques, certaines villes sont tout simplement géniales et il y a de vraies bonnes idées sont indiscutables. Le studio californien a également mis un coup de collier ahurissant sur les effets de particules : l’action fourmille de détails pour absolument tout, et ce même pendant des affrontements ultra-chargés en informations. À aucun moment, la fluidité du jeu ne faiblit et la machine tourne de manière franchement exemplaire. Le ray-tracing fait lui aussi son petit effet, avec des reflets assez déroutants sur les différentes surfaces ; quant aux modèles 3D, difficile d’y reprocher quoique ce soit tant on se rapproche du véritable film d’animation, même in-game. Et notons que les trois modes proposés – “fidélité” en 4K et ray-tracing à 30fps, “performance” en 4K/60fps sans ray tracing et “RT performance” en 4K dynamique à 60fps avec ray-tracing – sont tous les trois complètement fiables. Seul petit reproche technique à faire : nous avons souvent expérimenté des problèmes de collision de la part des ennemis (chose apparemment résolue depuis la dernière mise à jour) ainsi que de Ratchet/Rivet, se bloquant dans le décor. Même chose pour les rares phases aériennes, que l’on doit avouer pas des plus réussies. 

Ratchet & Clank : Rift Apart


ENCORE UN P’TIT CREUX


Ratchet & Clank : Rift ApartEnfin, il reste un point important à aborder, et pas des moindres : quid du contenu de ce Ratchet & Clank Rift Apart ? Cette nouvelle épopée galactique s’axe sur le même principe que les précédentes : une campagne à boucler avec des collectibles à récupérer. Nous avons donc des pièces d’armure dissimulées dans des “pocket dimensions”, des mini-niveaux avec des concepts de level design uniques et plutôt sympathiques : ces skins permettront notamment certaines compétences passives (comme un pourcentage de résistance face à tel type d’ennemis, une augmentation du taux de boulons récupérés, etc.). Dommage seulement qu’il n’y en ait pas tant que ça et que ces fameux atouts ne se ressentent bizarrement… pas en jeu. Il y a également des inforobots, permettant de construire le T.E.L.T., arme ultime iconique de la saga ; et des orbes et nounours (allez, pourquoi pas) supplémentaires. Enfin, on notera les fameux boulons en or qui, eux, permettront certains cheat codes plus ou moins fun, allant des simples éléments cosmétiques à la véritable triche, comme les munitions illimitées ou la vie infinie. Le problème, c’est que l’ensemble se trouve véritablement trop facilement, notamment grâce à un gadget récupérable à un moment qui enlève quasiment toute difficulté. Et le jeu n’étant lui-même pas long, quêtes annexes comprises, on se retrouve avec une partie terminée à 100%, en mode normal, en seulement douze heures (dans notre cas). Une durée de vie bien maigrichonne malgré le plaisir constant, et ce n’est pas l’arène de combat, timide et maigrichonne, ou le new game + qui viendra compléter l’achat : en effet, ce dernier permet seulement de monter les armes déjà acquises au niveau 10 (au lieu de 5 pour rappel) mais n’offre absolument rien de plus. Et pour peu que vous ayez déjà récupéré l’ensemble des boulons en or, vous aurez déjà débloqué certains cheat codes ultimes que l’on aurait pensé beaucoup plus pertinents s’ils étaient à gagner ailleurs, par exemple en terminant le jeu dans sa difficulté maximale ou après le new game +. Heureusement, le plaisir durant l’intégralité du jeu est très clairement présent, et c’est bien là le principal, quelque part.


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